Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/589

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

déjà mûr, offrait une parfaite convenance pour les opinions selon lesquelles sa conception devait avoir été surnaturelle. En pareil cas, l’action divine paraissait éclater d’autant plus que la nature avait dû sembler plus impuissante. On se plaisait à faire naître les enfants prédestinés aux grandes vocations prophétiques, Samuel, Jean-Baptiste, Marie elle-même[1], de vieillards ou de femmes longtemps stériles. Aussi l’auteur du Protévangile de Jacques[2], saint Épiphane[3], etc., insistent-ils vivement sur la vieillesse de Joseph, pour des motifs a priori sans doute, mais guidés aussi en cela par un sentiment juste des circonstances où naquit Jésus.

Les difficultés s’arrangent donc assez bien, si l’on suppose un premier mariage de Joseph[4], d’où il aurait eu des fils et des filles, en particulier Jacques et Jude. Ces deux personnages, Jacques au moins, semblent avoir été plus âgés que Jésus. Le rôle, d’abord hostile, prêté par les Évangiles aux frères de Jésus, le singulier contraste que forment les principes et le genre de vie de Jacques et de Jude avec ceux de Jésus, sont, dans une telle hypothèse, un peu moins inexplicables que dans les autres suppositions que l’on a faites pour sortir de ces contradictions.

Comment les fils de Clopas étaient-ils cousins-germains de Jésus ? Ils ont pu l’être ou par leur mère, Marie Cléophas, ainsi que le veut le quatrième évangile ; ou par leur

  1. Protévangile de Jacques, ch. 1 et suiv. ; Évangile de la Nativité de Marie, ch. 1 et suiv.
  2. Chap. 9.
  3. Haer. lxxviii, 13, 14, 15.
  4. C’était la tradition des chrétiens judaïsants, consignée en parti-