Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/591

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et Jude étaient bien frères de Jésus et fils de Joseph, mais que Simon et José ont été mis là par erreur. Le rédacteur de ce petit récit, comme tous les agadistes, tenait peu à l’exactitude des détails matériels, et, comme tous les narrateurs évangéliques (sauf le quatrième), était dominé par la cadence du parallélisme sémitique. Le besoin de la phrase l’aura entraîné dans une énumération dont le tour demandait quatre noms propres. Comme il ne connaissait que deux des vrais frères de Jésus, il se sera trouvé induit à leur associer deux de ses cousins germains. Il semble bien, en effet, que Jésus avait plus de deux frères. « N’aurais-je pas le droit d’avoir une femme, dit saint Paul[1], comme les autres apôtres, comme les frères du Seigneur, comme Céphas ? » Selon toute la tradition, Jacques, frère du Seigneur, ne se maria point. Jude était marié[2] ; mais cela ne suffit pas pour justifier le pluriel de saint Paul. Il faut qu’il y ait eu un nombre de frères suffisant pour que l’exception de Jacques n’empêchât pas saint Paul d’envisager en général les frères du Seigneur comme mariés.

Clopas semble avoir été plus jeune que Joseph. Son fils aîné dut être plus jeune que le fils aîné de Joseph. Il est naturel que, s’il s’appelait Jacques, on ait eu dans la famille l’habitude de l’appeler ὁ μικρός pour le distinguer de son cousin-germain du même nom. Siméon a pu avoir une quinzaine d’années de moins que Jésus et, à la rigueur, mourir sous Trajan[3]. Cependant nous aimons mieux croire

  1. I Cor., ix, 5.
  2. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, 20.
  3. V. ci-dessus, p. 466, 467, note.