Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/79

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dieu des désespérés[1] se rapproche des sentiments chrétiens. Mais par son attachement matérialiste aux pratiques de la Loi[2], il se montre pharisien pur. Il rêve pour les Israélites une autonomie sous l’autorité de leur sanhédrin et de leur nasi. Son idéal est bien celui de Iabné. Il y a un mécanisme de la vie humaine que Dieu aime ; la Loi en est la règle absolue ; Israël est créé pour l’accomplir. C’est un peuple comme il n’y en a pas d’autre, un peuple que les païens haïssent, parce qu’ils savent bien qu’il est capable de séduire le monde entier[3], un peuple invincible, pourvu qu’il ne pèche pas[4]. Aux scrupules du pharisien se joignent le fanatisme du zélote, l’appel au glaive pour défendre la Loi, l’apologie des plus sanglants exemples de violences religieuses[5]. L’imitation du livre d’Esther perce dans tout l’ouvrage ; l’auteur lisait ce livre, non tel qu’il existe dans l’original hébreu, mais avec les interpolations qu’offre le texte grec[6]. L’exécution littéraire est faible ; les parties banales, lieux communs de l’agada

  1. Judith, ix, 11.
  2. Judith, viii, 5 ; xi, 12 et suiv.
  3. Judith, x, 19.
  4. Judith, v, 17 et suiv. ; xi, 10 et suiv.
  5. Judith, ix, 2, 3, 4.
  6. Josèphe de même. Ant., XI, vi, 1 et suiv.