Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/81

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avec la Thora. On s’en tira par des subtilités[1]. On hésita pour Job, dont la hardiesse n’était plus d’accord avec le piétisme du temps. Les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques subirent un assaut bien plus violent[2]. Le tableau libre esquissé au chapitre vii des Proverbes, le caractère tout profane du Cantique, le scepticisme de l’Ecclésiaste paraissaient devoir priver ces écrits du titre de livres sacrés. L’admiration heureusement l’emporta. On les admit, si l’on peut s’exprimer ainsi, à correction et à interprétation. Les dernières lignes de l’Ecclésiaste semblaient atténuer les crudités sceptiques du texte. On se mit à chercher dans le Cantique des profondeurs mystiques[3]. Pseudo-Daniel avait conquis sa place à force d’audace et d’assurance[4] ; il ne put cependant forcer la ligne déjà impénétrable des anciens prophètes, et il resta dans les dernières pages du volume

  1. Talm. de Bab., Menahoth, 45 a ; Hagiga, 13 a ; Sifré, sur Deut., § 294.
  2. Aboth de-rabbi Nathan, c. i ; Mischna, Eduïoth, v, 3 ; Iadaïm, iii, 5 ; Tosiftha, Iadaïm, ii ; Talm. de Bab., Schabbath, 30 b ; Megilla, 7 a ; Midrasch Vayyicra rabba, 161 b ; Midrasch sur Koh., i, 3 ; sur Levit., xxviii ; Pesikta de-rabbi Cahana, p. 68 a (édit. Buber) ; Pesikta rabbati, c. xviii.
  3. Aquiba, cité dans Mischna, Iadaïm, iii, 5.
  4. Mischna, Ioma, i, 6.