Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/108

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propres non satisfaits, eussent opéré à l’infini leurs effets de désunion et d’émiettement. Le christianisme eût fini au bout de trois ou quatre cents ans, comme le mithriacisme et tant d’autres sectes à qui il n’a pas été donné de vaincre le temps. La démocratie est quelquefois éminemment créatrice ; mais c’est à condition que de la démocratie sortent des institutions conservatrices et aristocratiques, qui empêchent la fièvre révolutionnaire de se prolonger indéfiniment.

Voilà le véritable miracle du christianisme naissant. Il tira l’ordre, la hiérarchie, l’autorité, l’obéissance du libre assujettissement des volontés ; il organisa la foule, il disciplina l’anarchie. Qui fit ce miracle, autrement frappant que de prétendues dérogations aux lois de la nature physique ? L’esprit de Jésus, fortement inoculé en ses disciples, cet esprit de douceur, d’abnégation, d’oubli du présent, cette unique poursuite des joies intérieures, qui tue l’ambition, cette préférence hautement donnée à l’enfance, ces paroles sans cesse répétées comme de Jésus : « Que celui qui est le premier parmi vous soit comme le serviteur de tous. » L’impression laissée par les apôtres n’y contribua pas moins. Les apôtres et leurs vicaires immédiats avaient sur toutes les Églises un pouvoir incontesté. Or l’épiscopat fut