Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/174

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Ménandre, et paraît avoir eu deux enseignements : l’un, destiné aux initiés, se tenait dans les régions d’une métaphysique abstraite, plus analogue à celle d’Aristote qu’à la doctrine de Christ[1] ; l’autre était une sorte de mythologie, fondée, comme la cabbale juive, sur des abstractions prises pour des réalités. La métaphysique de Basilide, par sa grandeur maladive, rappelle celle de Hegel. Elle devait beaucoup à la cosmologie stoïcienne. La vie universelle est le développement d’une panspermie ; de même que la semence contient le tronc, les racines, les fleurs, les fruits de la plante future, de même le devenir de l’univers n’est qu’une évolution. La filiation[2] est le secret de toute chose ; l’espèce est fille du genre et n’en est que l’épanouissement. La somme des aspirations des créatures s’exerce dans le sens du bien. Le progrès s’opère par « l’esprit limitrophe[3] », qui,

  1. Philos., VII, 14. Les Philosophumena (livre VII) sont presque le seul document qui nous ait conservé cet enseignement. Quelques membres épars s’en retrouvent pourtant dans Clément d’Alexandrie. L’auteur des Philosophumena a sans doute fait cette analyse sur les ouvrages originaux de Basilide. On ne saurait ni repousser son témoignage, ni s’en servir pour réduire à néant ce qu’Irénée, Épiphane et les autres Pères de l’Église, Clément d’Alexandrie lui-même, nous disent des mythes religieux de Basilide.
  2. Υἱότης.
  3. Μεθόριον πνεῦμα.