Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/186

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Valentin part, comme tous les gnostiques, d’une métaphysique dont le principe fondamental est que Dieu se manifeste par des émanations successives, dont le monde est la plus humble. Le monde est une œuvre trop imparfaite pour un ouvrier infini ; c’est la copie misérable d’un modèle divin. Au commencement est l’Abîme (Bythos) inaccessible, insondable, nommé aussi Proarché, Propator. Le Silence (Sigé) est son éternelle compagne. Après des siècles de solitude et de contemplation muette de son être, l’Abîme veut enfin se produire au dehors et engendre de sa compagne un premier couple, une syzygie, Noûs ou Monogénès et Aléthia (Vérité) ; ceux-ci engendrent Logos et Zoé, qui engendrent à leur tour Anthropos et Ecclesia[1], Avec le couple primordial, ces trois syzygies forment l’ogdoade et, avec d’autres syzygies émanées de Logos et Zoé, d’Anthropos et Ecclesia, le plérome divin, la plénitude de la divinité, désormais consciente d’elle-même[2]. Ces couples déchoient de la perfection à mesure qu’ils s’éloignent de la source première ; en même temps, l’amour de la perfection, le regret,

  1. Comparez la triade hermétique : « Dieu, le monde et l’homme. » Asclepios, 6.
  2. Voir ci-dessus, p. 55-57, la façon dont tous ces termes sont groupés dans l’Évangile dit de Jean.