Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/190

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ne se compose ni des corps, ni des âmes ; elle se compose des esprits ; les gnostiques seuls la constituent. À la fin du monde, la matière sera dévorée par le feu intérieur qu’elle recèle ; le Christ régnera à la place du Démiurge, et Hakamoth fera définitivement son entrée dans le plérome, désormais pacifié.

Les hommes se partagent, par leur nature même et indépendamment de leurs efforts, en trois catégories, selon que l’élément matériel, l’élément psychique ou animal, et l’élément pneumatique dominent en eux. Les hommes matériels, voués irrévocablement aux œuvres de la chair, sont les païens ; les hommes psychiques sont les simples fidèles, le commun des chrétiens ; ils peuvent, en vertu de leur essence intermédiaire, s’élever ou déchoir, se perdre dans la matière ou se confondre dans l’esprit. Les hommes pneumatiques sont les gnostiques, qu’ils soient chrétiens, ou qu’ils aient été juifs comme les prophètes, ou païens comme les sages de la Grèce. Les pneumatiques seront un jour réunis au plérome[1]. Les matériels mourront tout entiers ; les psychiques seront damnés ou sauvés selon leurs œuvres. Le culte extérieur est un symbole, bon pour les psy-

  1. Fragm. d’une homélie de Valentin, dans Clém. d’Alex., Strom., IV, 13.