Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/212

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Les chrétiens résistèrent encore mieux à la tentation. Bien que la révolte pût flatter les passions de quelques-uns d’entre eux contre l’empire romain, une défiance instinctive à l’égard de tout ce qui venait du fanatique Israël les arrêta sur la pente dangereuse. Le parti des chrétiens était déjà pris. La forme de leur résistance à l’empire était non la révolte, mais le martyre. Ils étaient assez nombreux en Judée ; à la différence des Juifs orthodoxes, ils pouvaient même se permettre d’habiter dans Ælia. Naturellement les Juifs cherchèrent à entraîner ces quasi-compatriotes ; mais les disciples de Jésus étaient déjà bien loin de la politique terrestre. Jésus avait enterré pour toujours les espérances d’un patriotisme et d’un messianisme matériels. Le règne d’Adrien était loin d’être défavorable aux Églises. Elles ne bougèrent pas[1]. Il se trouva même des voix pour prédire aux Juifs les conséquences de leur obstination et l’extermination qui les attendait[2].

Toutes les révoltes juives s’étaient rattachées plus ou moins à des espérances messianiques ; mais jamais on n’avait encore vu un personnage se donner pour

  1. Justin, Apol. I, 31 ; Eusèbe, Chron., à l’année 47 d’Adrien ; Orose, VII, 13.
  2. Καθάπερ που καὶ πρὸ τοῦ πολέμου αὐτοῖς προεδείχθη. Dion Cassius, LXIX, 14.