Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/302

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Si l’islamisme substitue la kibla de la Mecque à celle de Jérusalem[1], il rend d’un autre côté les plus grands honneurs à l’emplacement du temple ; la mosquée d’Omar s’élève sur la place souillée par les chrétiens. Omar travailla lui-même à enlever les ordures, et le monothéisme pur rebâtit sa forteresse sur le mont Moria[2]. On dit souvent que Mahomet fut un arien ; cela n’est point exact. Mahomet fut un nazaréen, un judéo-chrétien. Le monothéisme sémitique reprit par lui ses droits et se vengea des complications mythologiques et polythéistes, que le génie grec avait introduites dans la théologie des premiers disciples de Jésus.

Il y eut un côté par lequel les ébionites hébreux eurent de l’importance dans le travail littéraire de l’Église universelle. L’étude de l’hébreu biblique, si négligée dans les Églises de Paul, continua de fleurir parmi eux. De leur sein ou du sein de sectes très-voisines sortirent les célèbres traducteurs, Sym-

  1. Mahomet paraît avoir hésité pour la kibla entre Jérusalem, l’Orient et la Caaba de la Mecque.
  2. Théophane, Chronogr., p. 281, Paris ; Eutychius, Ann., II, p. 284 et suiv, 364, Oxford ; Guillaume de Tyr, I, 2 ; VIII, 3 ; Modjir-eddin, p. 35, 42, édit. Sauvaire, et dans les Fundgruben des Orients, V, p. 161, 162. Il parait qu’Abdelmélik, en bâtissant la mosquée, eut l’idée de l’opposer comme lieu de pèlerinage central à la Mecque.