Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/330

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entraîner aux rigueurs, même envers ceux qui semblent les lui demander. L’atroce cruauté du code pénal romain va créer le martyrologe, source lui-même d’une vaste littérature légendaire, pleine d’invraisemblances et d’exagération. La critique, en dévoilant ce que les récits des Actes des martyrs ont d’insoutenable, est passée quelquefois à l’excès contraire. Les documents qui étaient d’abord présentés comme les pièces originales des procès des martyrs s’étant trouvés pour la plupart apocryphes ; les textes des historiens proprement dits relatifs aux persécutions étant rares et courts ; les recueils des lois romaines ne contenant presque rien sur la matière, il était naturel qu’on s’imposât la plus grande réserve. On put être tenté de croire que les persécutions furent en réalité peu de chose, que le nombre des martyrs ne fut pas considérable[1], et que tout le système ecclésiastique sur ce point n’est qu’une construction artificielle. Peu à peu la lumière s’est faite. Même dégagées des exagérations de la légende, les persécutions restent une des pages les plus sombres de l’histoire et la honte de l’ancienne civilisation.

Assurément, si nous étions réduits, pour connaître les persécutions, aux Actes des martyrs, le

  1. Voir Origène, Contre Celse, III, 8.