Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/383

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rage des mauvais esprits[1], tout cela lui paraissait constituer en faveur de l’Église un signe éclatant de vérité divine[2]. Cette préoccupation lui inspira une démarche hardie, à laquelle il dut être encouragé par l’exemple antérieur de Quadratus et d’Aristide[3]. Ce fut de s’adresser à l’empereur Antonin et à ses deux associés, Marc-Aurèle et Lucius Verus, pour obtenir le redressement d’une situation qu’il jugeait avec raison inique et en contradiction avec les principes libéraux du gouvernement. La sagesse accomplie de l’empereur, les goûts philosophiques de l’un au moins de ses associés, Marc-Aurèle, âgé alors de vingt-neuf ans, lui donnaient l’espérance qu’une si grande injustice serait réparée. Telle fut l’occasion de la supplique éloquente[4] qui débute ainsi :

  1. Apol. II, 1.
  2. Dial., 18, 39, 46. Comp. Irénée, IV, xxxiii, 9 ; saint Cyprien, Epist. 57, 58.
  3. V. ci-dessus, p. 39 et suiv.
  4. Il s’agit de l’Apologia I, la plus étendue, L’Apol. II, adressée au Sénat, est postérieure (voir ci-après, p. 485 et suiv.) La date approximative de l’Apologia I résulte des ch. 1, 29, 31, 46. On a conclu d’Οὐηρισσίμῳ (nom que Marc-Aurèle cessa de porter à partir de son adoption par Antonin en 138, un peu avant la mort d’Adrien) et de l’absence du nom de César (que Marc-Aurèle reçut en 139) que l’Apol. I a dû être écrite très peu de temps après la mort d’Adrien, à une date où l’on ne savait pas encore