Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/407

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de Dieu devait être d’une pureté absolue. Éviter les fautes était impossible ; il fallait donc qu’il y eût des moyens de rentrer dans la grâce perdue. De bonne heure, l’Église s’érigea en tribunal et transforma le repentir en pénitence publique, imposée par l’autorité et acceptée par le délinquant. Une foule de questions, qui troubleront l’Église pendant un siècle et demi, se posèrent dès lors. Pouvait-on, après être tombé plusieurs fois, venir encore à résipiscence ? Ces moyens de réconciliation s’appliquaient-ils à tous les crimes ? L’hypothèse du meurtre ne se posait guère ; les mœurs douces et timides de la secte écartaient jusqu’à l’hypothèse d’un chrétien assassin ; mais l’adultère dans une petite congrégation de frères et de sœurs[1], vivant presque toujours ensemble, était assez commun. L’apostasie enfin, vu l’âpreté des persécutions, n’était point rare. Les uns, pour éviter le supplice, allaient jusqu’à maudire le Christ ; quelques-uns même se faisaient les dénonciateurs de leurs frères ; d’autres se contentaient d’un simple reniement : « Je ne suis pas chrétien. » Ils rougissaient du Christ, sans précisément le blasphémer[2].

C’était cette dernière catégorie de personnes qui

  1. Minucius Félix. § 9. Cf. ci-dessus, p. 374.
  2. Hermas, Sim. viii, 6. Cf. Lettre de Pline (les Évangiles, p. 478) ; Jac. ii, 7.