Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/479

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imita et qui fournit la marche et les parties essentielles de ces sortes de compositions. Seulement les imitations n’eurent pas le naturel et la simplicité de l’original. Il semble que l’auteur des fausses lettres ignatiennes avait lu l’épître des Smyrniotes[1]. Il y a entre ces écrits des liens étroits, une grande similitude d’esprit. Polycarpe était après Ignace la grande préoccupation de l’auteur des fausses lettres[2], et c’est dans l’épître vraie ou supposée de Polycarpe qu’il cherche son point d’appui. L’idée que le martyre est la faveur suprême qu’on doit désirer et demander au ciel[3] trouva dans l’encyclique smyrniote sa première et parfaite expression. Mais l’enthousiasme du martyre y est contenu dans les bornes de la modération. L’auteur de ce remarquable écrit ne perd aucune occasion de montrer que le vrai martyre, le martyre conforme à l’Évangile, est celui qu’on ne va pas chercher, qu’on attend. La provocation lui paraît si condamnable, qu’il éprouve une certaine satisfaction à montrer le Phrygien fanatique cédant aux obsessions du proconsul et devenant apostat[4].

  1. Comp. l’Alcé de Mart., 17, à l’Alcé d’Ign. ad Smyrn., 13, et d’Ign. ad Polyc., 8.
  2. Ign. ad Polyc. et ad Smyrn.
  3. Voir §§ 17, 18, 19.
  4. Voir §§ 1, 4, 5, 6, 7, 19. C’est par erreur qu’Eusèbe (H. E., V, xv, 46-48) a rattaché au même temps les supplices de saint