Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/48

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le fait seul du nom que l’on portait. Granianus montrait ce qu’il y avait d’injuste à condamner les chrétiens sur de vagues rumeurs, fruit de l’imagination populaire, sans qu’on pût les convaincre d’aucun crime qualifié, autre que celui de leur profession même. Le tirage au sort des provinces consulaires ayant eu lieu peu après, Granianus eut pour successeur Caïus Minicius Fundanus, philosophe et lettré de distinction, ami de Pline et de Plutarque[1], qui le fait interlocuteur d’un de ses dialogues philosophiques. Adrien répondit à Fundanus par le rescrit suivant[2] :

  1. Pline, Lettres, I, 9 ; IV, 15 ; V, 16 ; Plutarque, De cohib. ira, en tête ; De tranquill. animi, 1. Voir Waddington, l. c. ; Mommsen, index de Pline le jeune, édit. Keil, p. 419.
  2. Plusieurs critiques ont élevé des objections contre l’authenticité de cette lettre. Certes, le rescrit d’Adrien n’a pas les mêmes garanties d’authenticité que la lettre de Pline ; il ne nous a pas été conservé par les recueils païens. Il faudrait, pour que la parité fût exacte, que nous eussions le recueil officiel des lettres administratives d’Adrien, et que la lettre à Minicius Fundanus y figurât à sa place. Néanmoins la pièce nous est venue dans de bonnes conditions d’authenticité. L’original latin en fut, à ce qu’il semble, inséré par saint Justin dans sa première Apologie (ch. lxviii et lxix). Eusèbe la traduisit en grec (Hist. Eccl., IV, viii et ix ; cf. Chron., an 8 ou 10 d’Adrien) ; cette traduction, vu l’incapacité où étaient les copistes orientaux de transcrire le latin, prit dans les manuscrits de Justin la place de l’original ; peut-être Rufin nous a-t-il conservé cet original. Méliton (dans Eusèbe, H. E., IV, xxvi, 10) rappelle la lettre, il est vrai en compa-