Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/491

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la capitale religieuse de ce pays. Fourvières et Ainai sont les deux points sacrés de nos origines chrétiennes. Fourvières, à l’époque des annales ecclésiastiques où nous sommes arrivés, est encore une ville toute païenne ; quant à Ainai (Athanacum), il est permis de supposer que les souvenirs chrétiens ont quelque raison de s’y rattacher. Ce faubourg, situé dans les îles du confluent, en aval de la cité romaine et gauloise[1], devait être une basse ville où abordaient les Orientaux et où probablement ils faisaient quelque séjour avant de se placer[2]. Là fut sans doute le premier quartier chrétien, et la très-ancienne église qui s’y voit est peut-être l’édifice de France que l’ami des souvenirs antiques doit visiter avec le plus de respect. Le caractère lyonnais se dessinait dès lors avec tous les traits qui le distinguent, le besoin de surnaturel, la chaleur de l’âme, le goût de l’irrationnel, la fausseté du jugement, l’ardente imagination, la mysticité profonde et sensuelle. Chez cette race passionnée, les hauts instincts moraux dérivent non de la

  1. Les principales questions de la topographie chrétienne de Lyon seront discutées dans notre livre VII.
  2. En général, dans les grandes villes, les points d’arrivée déterminent jusqu’à un certain point le groupement des étrangers. Ainsi, à Paris, les environs de la gare de l’Ouest renferment beaucoup de Bretons ; les environs de la gare de l’Est beaucoup d’Alsaciens.