Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/505

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ont de même été persécutés, par exemple, Musonius ; mais quelle différence ! Tandis que Socrate n’a pas eu un seul disciple qui se soit fait tuer pour lui, Jésus a une foule de témoins, artisans, gens du peuple, aussi bien que philosophes et gens de lettres, qui pour lui s’offrent à la mort[1].

On doit regretter que quelques-uns des hommes éclairés dont se composait alors le sénat n’aient pas médité ces belles pages. Peut-être en furent-ils détournés par d’autres passages moins philosophiques, en particulier par l’absurde démonomanie qui éclate à chaque page. Justin provoque ses lecteurs à constater un fait notoire, c’est qu’on apporte aux chrétiens les possédés que les exorcistes païens n’ont pu guérir[2]. Il tient cela pour une preuve décisive des feux éternels, où les démons seront un jour punis avec les hommes qui les auront adorés. Une page qui dut choquer tout à fait ceux que Justin voulait convertir est celle où, après avoir établi que les mesures violentes de la législation romaine contre le christianisme sont l’œuvre des démons, il annonce que Dieu va bientôt venger le sang de ses serviteurs, en anéantissant le pouvoir des génies du mal et en consumant tout le monde par le feu (idée que les pires des

  1. Apol. II, 8, 10.
  2. Ibid., 6.