Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/506

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scélérats exploitaient pour le désordre et le pillage[1]). Si Dieu diffère, dit-il, c’est uniquement pour attendre que le nombre des élus soit complet. Jusque-là, il souffrira que les démons et les hommes méchants fassent tout le mal qu’ils veulent[2].

Ce qui montre bien quelle dose de simplicité d’esprit Justin joignait à sa rare sincérité, c’est la requête par laquelle il finit son apologie. Il demande qu’on donne à son écrit une approbation officielle, afin de redresser l’opinion en ce qui concerne les chrétiens[3]. « Au moins, dit-il, une telle publicité aurait-elle moins d’inconvénients que celle que reçoivent tous les jours les farces sotadiennes, philéniennes[4], les ballets, les livres épicuriens et autres compositions du même genre, qui se représentent ou se lisent avec une entière liberté. » On sent déjà combien le christianisme se montrera favorable à l’exercice le plus immodéré de l’autorité, quand cette autorité lui sera dévouée.

Justin nous touche davantage, quand il regarde la mort avec impassibilité.

  1. Jules Capitolin, Marc-Aurèle, 13.
  2. Apol. II, 7, 8.
  3. Apol. II, 14.
  4. Écrits obscènes.