Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/509

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isolé. Au ier siècle, des hommes très-instruits purent ignorer le christianisme ; maintenant, cela n’est plus possible. Tout le monde a un avis dans la question. Le premier rhéteur du temps, L. Cornélius Fronton, écrivit certainement une invective contre les chrétiens[1]. Ce discours est perdu ; nous ignorons dans quelles circonstances il fut composé ; mais on peut s’en faire quelque idée par celui que Minucius Félix met dans la bouche de son Cæcilius. L’ouvrage n’était pas, comme celui de Celse, consacré à la discussion exégétique ; ce n’était pas non plus un écrit de philosophie. C’étaient des considérations d’homme du monde et de politique[2]. Fronton admettait sans examen les bruits les plus calomnieux contre les chrétiens, il croyait ou affectait de croire ce que l’on racontait de leurs mystères nocturnes, de leurs repas sanglants[3]. Très-honnête homme, mais homme officiel, il avait horreur d’une secte de déclassés. Satisfait d’une sorte de croyance vague à la Providence,

  1. Minucius Félix, 9, 31. C’est lui qui est désigné par l’expression Cirthensis noster. Fronton était né à Thibilis. De nombreuses inscriptions attestent encore aujourd’hui l’importance que la famille des Frontons eut dans la région de Cirtha. L. Renier, Journal officiel, 26 juin 1878 ; Inscr. rom. de l’Alg., no 2717 ; Orelli, no 1176.
  2. Ut Orator. Min. Fél., 31.
  3. Minucius Félix, endroits cités.