Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/516

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des mutilations analogues[1]. Mais l’orthodoxie, déjà régnante, empêchait ces fantaisies individuelles de compromettre sérieusement l’intégrité des textes déjà sacrés.

En réalité, au travers de tout ce chaos, l’ordre se faisait. De même que, au milieu des doctrines opposées, une orthodoxie se dessinait, de même, au milieu de la foule des Évangiles, quatre textes tendaient de plus en plus à devenir canoniques à l’exclusion des autres. Marc, pseudo-Matthieu, Luc et pseudo-Jean marchaient vers une consécration officielle[2]. L’Évangile des Hébreux, qui les égala d’abord en valeur, mais dont les nazaréens et les ébionites faisaient un usage dangereux, commençait à être écarté. Les Évangiles de Pierre, des douze apôtres, parurent des variétés défectueuses et furent supprimés par les évêques[3]. Comment n’alla-t-on pas plus loin encore,

  1. Saint Hilaire, De trinitate, X, 9 et suiv. ; saint Jérôme, Adv. Pelag., II, Opp., IV, 2e part., col. 521, Mart. ; saint Épiphane, loc. cit.
  2. L’auteur des Homélies pseudo-clémentines paraît connaître les quatre Évangiles. Matthieu est sa base principale. Il est vrai que, comme Justin et Tatien, il puise à d’autres sources, qu’il juge tout aussi canoniques. De Wette, Einl. in das N. T., §§ 67 c, 109 b. Voir aussi Hilgenfeld, Krit. Unters. über Evang. Justin’s, der clem. Hom. und Marcion’s (Halle, 1850).
  3. V. les Évangiles, p. 112. Notez l’épisode de l’Évangile de Pierre à Rhossus. Eusèbe, H. E., VI, 12. Cf. Credner, Gesch. des neut. Kan., p. 256.