Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/196

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disciples des persécutions et des supplices ; mais pas une seule fois la pensée d’une résistance armée ne se laisse entrevoir. L’idée qu’on est tout-puissant par la souffrance et la résignation, qu’on triomphe de la force par la pureté du cœur, est bien une idée propre de Jésus. Jésus n’est pas un spiritualiste ; car tout aboutit pour lui à une réalisation palpable ; il n’a pas la moindre notion d’une âme séparée du corps. Mais c’est un idéaliste accompli, la matière n’étant pour lui que le signe de l’idée, et le réel l’expression vivante de ce qui ne paraît pas.

A qui s’adresser, sur qui compter pour fonder le règne de Dieu ? La pensée de Jésus en ceci n’hésita jamais. Ce qui est haut pour les hommes est en abomination aux yeux de Dieu. Les fondateurs du royaume de Dieu seront les simples. Pas de riches, pas de docteurs, pas de prêtres ; des femmes, des hommes du peuple, des humbles, des petits. Le grand signe du Messie, c’est « la bonne nouvelle annoncée aux pauvres. » La nature idyllique et