Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/325

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prouver que sa vie avait été le voyage d’un dieu sur la terre, on ne crut pouvoir y réussir qu’en inventant pour lui un vaste cycle de miracles. Les philosophes alexandrins eux-mêmes, Plotin et les autres, sont censés en avoir fait. Jésus dut donc choisir entre ces deux partis, ou renoncer à sa mission, ou devenir thaumaturge. Il faut se rappeler que toute l’antiquité, à l’exception des grandes écoles scientifiques de la Grèce et de leurs adeptes romains, admettait le miracle ; que Jésus, non seulement y croyait, mais n’avait pas la moindre idée d’un ordre naturel réglé par des lois. Ses connaissances sur ce point n’étaient nullement supérieures à celles de ses contemporains. Bien plus, une de ses opinions le plus profondément enracinées était qu’avec la foi et la prière l’homme a tout pouvoir sur la nature. La faculté de faire des miracles passait pour une licence régulièrement départie par Dieu aux hommes, et n’avait rien qui surprît.

La différence des temps a changé en quelque chose de très blessant pour nous ce qui fit la puissance