Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/373

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ses disciples. On retrouva Jésus lui-même dans ce sacrement. L’idée toute spirituelle de la présence des âmes, qui était l’une des plus familières au maître, qui lui faisait dire, par exemple, qu’il était de sa personne au milieu de ses disciples quand ils étaient réunis en son nom, rendait cela facilement admissible. Jésus, nous l’avons déjà dit, n’eut jamais une notion bien arrêtée de ce qui fait l’individualité. Au degré d’exaltation où il était parvenu, l’idée chez lui primait tout à un tel point que le corps ne comptait plus. On est un quand on s’aime, quand on vit l’un de l’autre ; comment lui et ses disciples n’eussent-ils pas été un ? Ses disciples adoptèrent le même langage. Ceux qui, durant des années, avaient vécu de lui le virent toujours tenant le pain, puis le calice « entre ses mains saintes et vénérables » et s’offrant lui-même à eux. Ce fut lui que l’on mangea et que l’on but ; il devint la vraie Pâque, l’ancienne ayant été abrogée par son sang. Impossible de traduire dans notre idiome essentiellement