Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/399

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plus qu’une mère d’erreurs. Son règne était fini, et pourtant lui demander d’abdiquer, c’était lui demander l’impossible, ce qu’une puissance établie n’a jamais fait ni pu faire.

Les luttes de Jésus avec l’hypocrisie officielle étaient continues. La tactique ordinaire des réformateurs qui apparaissent dans l’état religieux que nous venons de décrire, et qu’on peut appeler « formalisme traditionnel » est d’opposer le « texte » des livres sacrés aux « traditions. » Le zèle religieux est toujours novateur, même quand il prétend être conservateur au plus haut degré. De même que les néo-catholiques de nos jours s’éloignent sans cesse de l’Évangile, de même les pharisiens s’éloignaient à chaque pas de la Bible. Voilà pourquoi le réformateur puritain est d’ordinaire essentiellement « biblique » partant du texte immuable pour critiquer la théologie courante, qui a marché de génération en génération. Ainsi firent plus tard, les karaïtes, les protestants. Jésus porta bien plus énergiquement la hache à la racine. On le voit parfois, il est vrai, invoquer le texte contre les fausses Masores ou traditions des pharisiens. Mais, en général, il fait peu d’exégèse ; c’est à la conscience qu’il en appelle. Du même coup