Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/455

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pain et le vin, mis en rapport avec la mort elle-même, furent ainsi l’image du Testament nouveau que Jésus avait scellé de ses souffrances, la commémoration du sacrifice du Christ jusqu’à son avénement.

De très bonne heure, ce mystère se fixa en un petit récit sacramentel, que nous possédons sous quatre formes très analogues entre elles. Jean, si préoccupé des idées eucharistiques, qui raconte le dernier repas avec tant de prolixité, qui y rattache tant de circonstances et tant de discours ; Jean qui, seul parmi les narrateurs évangéliques, a ici la valeur d’un témoin oculaire, ne connaît pas ce récit. C’est la preuve qu’il ne regardait pas l’institution de l’Eucharistie comme une particularité de la Cène. Pour lui, le rite de la Cène, c’est le lavement des pieds. Il est probable que dans certaines familles chrétiennes primitives, ce dernier rite obtint une importance qu’il perdit depuis. Sans doute Jésus, dans quelques circonstances, l’avait pratiqué pour donner à ses disciples une leçon d’humilité fraternelle. On le rapporta à la veille de sa mort,