Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/465

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de Jésus, décidé à mourir, n’exige pas cela. Il est plus probable qu’ici, comme chez Hanan, il garda le silence. Ce fut en général, à ce dernier moment, sa règle de conduite. La sentence était arrêtée ; on ne cherchait que des prétextes. Jésus le sentait, et n’entreprit pas une défense inutile. Au point de vue du judaïsme orthodoxe, il était bien vraiment un blasphémateur, un destructeur du culte établi ; or ces crimes étaient punis de mort par la loi. D’une seule voix, l’assemblée le déclara coupable de crime capital. Les membres du conseil qui penchaient secrètement vers lui étaient absents ou ne votèrent pas. La frivolité ordinaire, aux aristocraties depuis longtemps établies ne permit pas aux juges de réfléchir longuement sur les conséquences de la sentence qu’ils rendaient. La vie de l’homme était alors sacrifiée bien légèrement ; sans doute les membres du sanhédrin ne songèrent pas que leurs fils rendraient compte à une postérité irritée de l’arrêt prononcé avec un si insouciant dédain.

Le sanhédrin n’avait pas le droit de faire exécuter une sentence de mort. Mais, dans la confusion de pouvoirs qui régnait alors en Judée, Jésus n’en était