Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mentée par Modestin. Antonin permet aux juifs de circoncire leurs fils, mais leurs fils seulement. Je le répète, quand l’autorité est amenée à défendre une pratique, c’est que cette pratique est répandue et a pris une extension considérable.

Je crois, Messieurs, que ces faits suffisent pour établir qu’à l’époque grecque et à l’époque romaine, il y a eu une foule de conversions directes au judaïsme. Il en résulte qu’à partir de cette époque le mot judaïsme n’a plus une grande signification ethnographique. Conformément à la prédiction des prophètes, le judaïsme était devenu quelque chose d’universel. Tout le monde y entrait. Le mouvement qui éloigna du paganisme, aux premiers siècles de notre ère, les personnes animées de sentiments religieux délicats, amena une foule de conversions. Le plus grand nombre de ces conversions se fit certainement au christianisme, mais un très grand nombre aussi se fit au judaïsme. La plupart des juifs de Gaule et d’Italie, par exemple, durent provenir de telles conversions, et la synagogue resta, à côté de l’Église, comme une minorité dissidente.

Il est vrai qu’après cela se produit la grande réaction talmudique, à la suite de la guerre de Bar-Coziba. Il en est presque toujours ainsi dans l’histoire : quand un grand et large courant d’idées se produit dans le monde, ceux qui ont été les premiers à le provoquer en sont les premières victimes ; alors ils se repentent presque de ce qu’ils ont fait, et, d’excessivement libé-