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Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/51

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peut s’appeler rationalisme ou science. Les cavaliers arabes qui s’y rattachèrent comme à un prétexte pour conquérir et piller furent, à leur heure, les premiers guerriers du monde ; mais c’étaient assurément les moins philosophes des hommes. Un écrivain oriental du treizième siècle, Aboulfaradj, traçant le caractère du peuple arabe, s’exprime ainsi : « La science de ce peuple, celle dont il se faisait gloire, était la science de la langue, la connaissance de ses idiotismes, la texture des vers, l’habile composition de la prose… Quant à la philosophie, Dieu ne lui en avait rien appris, et ne l’y avait pas rendu propre. » Rien de plus vrai. L’Arabe nomade, le plus littéraire des hommes, est de tous les hommes le moins mystique, le moins porté à la méditation. L’Arabe religieux se contente, pour l’explication des choses, d’un Dieu créateur, gouvernant le monde directement et se révélant à l’homme par des prophètes successifs. Aussi, tant que l’islam fut entre les mains de la race arabe, c’est-à-dire sous les quatre premiers califes et sous les Omeyyades, ne se produisit-il dans son sein aucun mouvement intellectuel d’un caractère profane. Omar n’a pas brûlé, comme on le répète souvent, la bibliothèque d’Alexandrie ; cette bibliothèque, de son temps, avait à peu près disparu ; mais le principe qu’il a fait triompher dans le monde était bien en réalité destructeur de la recherche savante et du travail varié de l’esprit.

Tout fut changé, quand, vers l’an 750, la Perse prit