Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/169

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auraient un peu adouci les premiers moments de notre séparation. Enfin, ma chère maman, tout s’est arrangé pour le mieux.

Pour moi, ma bonne mère, je n’ai à vous donner que les nouvelles accoutumées c’est-à-dire que tout va toujours à merveille. Ni l’ennui, ni le chagrin ne m’approchent point ; le froid même, quoique assez vif ces jours, je suis en état de le défier. Du reste nous y sommes beaucoup plus exposés qu’à Paris ; Issy est situé sur une hauteur exposée au vent du Nord, ce qui y rend l’air très pur et très sain, mais aussi extrêmement froid. Toutes les pièces d’eau du parc sont devenues de vraies glacières, et la Seine qui coule à deux pas de nous charrie d’énormes glaçons. Malgré tout cela, nous ne souffrons aucunement du froid. Chacun est libre ou de faire du feu dans sa chambre, ou de descendre à une grande salle, continuellement échauffée au poêle. Je participe aux deux avantages. Car quoique je travaille d’ordinaire à la salle du poêle, néanmoins comme on aime quelquefois à être seul, et que d’ailleurs il y a un grand charme à tisonner au coin du feu, de temps