Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

service. Je ne t’en ai jamais parlé, je voulais que ta vocation vînt de Dieu seul. Te rappelles-tu, pauvre enfant, l’état où tu étais à la suite de cette cruelle maladie, le vœu et le pèlerinage que nous avions faits à Notre-Dame-de-Bon-Secours ? J’ai souvent pensé depuis ce temps que le bon Dieu avait des vues sur toi. Plusieurs personnes qui se rappellent de te voir tout perclus, me le disent encore. Ernest, mon cher Ernest, suis les inspirations de la grâce ; ici, il n’y a nul motif humain ton frère, ta sœur sont dans des positions honorables et lucratives, c’est la Providence qui les a pourvus, elle ne t’aurait pas non plus abandonné, ni eux non plus. Mais, mon enfant, un plus digne emploi t’est réservé, servir le bon Dieu dans son sanctuaire, là où il plaira à sa sainte volonté, voilà toute mon ambition.

J’ai pris quelques jours de réflexion, je n’étais pas en état de te répondre les premiers jours. Ta lettre m’a bien vivement émue dans le premier moment, mais je me suis bien vite remise. Elle me rend si bien les dispositions de ton cœur, ta vive et tendre affection. Tout