Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/205

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sible le moment heureux. Que ne puis–je surtout vous avoir à côté de moi, au grand jour de la tonsure Tant d’autres auront leurs mères présentes à leur consécration, moi seul je ne serai uni à la mienne que par le cœur et la pensée. Mais notre bonheur n’est qu’un peu retardé, ma bonne mère. J’espère que mon départ ne sera guère rejeté plus d’un mois au delà de la Trinité, et ensuite nous gagnerons par l’autre bout ce que nous aurons perdu par celui-là. Pauvre mère cela vous satisfait-il ? Dites-le-moi je vous en supplie. Si vous n’étiez pas contente, tout me serait possible, pour que rien ne manquât à votre bonheur.

Adieu, ma bonne mère, l’heure du courrier me presse. Puissiez-vous être heureuse autant que je le souhaite ; je n’en puis dire davantage.

Vous savez mon amour et mon respect,

E. RENAN.