Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/210

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incapables de sentir l’importance d’un acte aussi grand, j’aurais été exempt de toutes ces peines. Mais, grâce à Dieu, grâce à vous, maman, je ne suis pas de ce nombre. Je ne crois pas qu’il y ait de honte à reculer, quand on ne recule que pour obéir à sa conscience. Je ne doute pas que toutes les personnes que vous aviez faites confidentes de notre affaire n’entrent dans ces raisons. La réserve qu’impose le secret de la direction, et que je voudrais pouvoir rompre avec vous, ô ma mère, me commande le silence sur le détail de ces motifs ; c’est le secret de Dieu et de mon directeur ; tout ce que je puis dire, c’est que l’obéissance et le désir du bien m’ont seuls dirigé. Je pourrai avoir à en pleurer, mais non pas à m’en repentir. On ne se repent que d’une faute, et Dieu connaît mes intentions. Du reste, ces bons Messieurs du séminaire l’ont parfaitement compris ; ils semblent en avoir redoublé pour moi d’estime et d’amitié. Rien du reste n’est moins rare ici que ce que j’ai cru devoir faire en cette occasion. Le bon Monsieur Gosselin, en qui j’ai trouvé un père en l’absence de ma mère, a