Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/211

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pris comme ami une vraie part à ma peine. Je la lui ai exposée sans réserve ; celle surtout qui provenait de ma mère chérie, et qu’il est si bien capable de comprendre. Il a bien voulu contribuer à la soulager, et m’a prié de laisser quelques lignes blanches au bas de ma lettre, afin de les remplir lui-même. Ces lignes vous témoigneront, ma bonne mère, qu’en tout ceci je n’ai pas agi à l’aventure et contre l’avis de mes directeurs. Du reste, je vous le répète, ô ma très chère mère, ne voyez en tout ceci qu’un délai, et non un pas en arrière. Monsieur Gosselin m’a toujours fait soigneusement discerner ces deux choses. L’état ecclésiastique, qui jusqu’ici, comme vous le savez, a été mon unique pensée, est encore celle que je nourris le plus chèrement au fond de mon cœur. Au contraire, la réserve que je veux mettre avant d’y entrer vous doit être une preuve que mes idées à cet égard ne sont pas des velléités et des imaginations. Courage donc, ma mère ! Je vous avais demandé un sacrifice ; vous me l’aviez accordé : c’est un autre plus pénible peut-être que je vous demande maintenant c’est que vous offriez à