Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/212

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Dieu la peine qui résultera pour vous de ce retard. O ma mère, songez que c’est pour bien peu de temps, et songez au bonheur tout nouveau que nous éprouverons quand le moment sera venu. Il viendra, tendre mère. Dieu ne m’a pas amené jusqu’ici pour m’abandonner. Il n’eût pas permis que toutes les personnes qui jusqu’ici ont eu autorité sur moi se fussent méprises sur ses desseins à mon égard. Cette pensée, qui est la plus ferme de celles qui me dominent, me soutient et me console. Dites à Monsieur Pasco que les bonnes paroles qu’il a bien voulu me transmettre par vous vivront toujours au fond de mon âme, et seront toujours pour moi l’expression de la volonté de Dieu. Elles sont ma joie et mon espérance et ce serait m’arracher pour ainsi dire le fond de ma nature, ce serait détruire la moitié de moi-même que de me faire envisager un autre but. Telles sont mes dispositions actuelles, et j’espère que Dieu me les conservera. Ce délai donc, ma chère maman, ne doit pas vous faire concevoir aucune crainte, aucune inquiétude pour l’avenir. Je serais