Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/232

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pas une mère, et qui peut compenser une mère ? On n’y trouve pas cette tendresse si pure, cette confiance si entière, cet abandon sans réserve. Oh ! ma chère maman, dites-moi souvent que ce bonheur reviendra pour nous, et que ce sera sans trop tarder. C’est un besoin pour moi ; jamais je ne l’avais si bien senti que cette année, sans doute parce que jamais je n’avais goûté tant de bonheur auprès de vous. Aussi les premiers jours où j’ai été sevré de ces douceurs m’ont semblé bien durs ; votre lettre a fait renaître la joie et l’espérance dans mon cœur.

Il faut maintenant, ma tendre mère, que je vous parle de ma nouvelle demeure et du genre de vie que j’y mène. J’ai voulu attendre que tout fût en plein exercice, pour pouvoir vous donner de plus amples détails. La maison que nous habitons est un très bel édifice occupant un côté de la place Saint-Sulpice, et attenant à l’église de ce nom. Elle a été construite il y a quelques années, et on s’aperçoit bien à sa commodité, à sa parfaite régularité, aux savantes combinaisons de sa distribution, qu’elle l’a été par d’habiles archi-