Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/242

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conclusion qui l’a couronnée en a bien effacé la passagère amertume, et né me laisse d’autres souhaits à former, sinon que l’année qui commence se continue aussi heureusement que la précédente s’est terminée. Oui, ma bonne mère, autant les pénibles incertitudes et les douloureux combats qui avaient précédé le grand acte de ma première consécration à Dieu avaient altéré la paix de mon cœur, autant j’ai retrouvé de calme et de joie en le prenant enfin pour mon partage et me consacrant à lui sans retour. Il semblait que par ces salutaires quoique bien pénibles épreuves, Dieu voulût me rendre plus sensible l’heureux dénouement qui devait y mettre fin. Presque aussitôt mon arrivée à Saint-Sulpice, on m’invita de nouveau à faire ce premier pas de la carrière ecclésiastique et néanmoins, bonne mère, je ne vous en ai parlé qu’à la dernière extrémité, et presque à la veille de l’accomplissement je n’eusse pu vous donner aucune décision positive et c’eût été vous livrer à des inquiétudes et à des préoccupations inutiles. Croiriez-vous, bonne mère, qu’en vous expédiant la lettre où je vous