Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que j’aime à penser à elle, à ses agréments et surtout aux joies qui suivront. Dans trois ou quatre mois, chère mère, y songez-vous ¿

Pauvre bonne mère, qui a pu déjouer l’innocent artifice par lequel je croyais vous éviter quelques moments de peines ! Ah ! mère chérie, que je me reproche maintenant d’avoir usé une fois envers vous de ce petit détour ! Maman, bonne maman, me le pardonnerez-vous ? Dieu m’est témoin que je n’avais d’autre intention que de vous épargner quelque peine. Mon Dieu ! mon Dieu ! ma bonne mère aura peut-être pleuré, et son Ernest en aura été la cause, oh j’en serai toujours inconsolable ! Mais, maman chérie, voyez la position où je me trouvais. Quand on me proposa la place que j’ai acceptée, on ne me laissa pas de délai. Il fallait tout de suite un oui ou un non. Et je ne pensais pas alors que cela fit du côté de ma bonne maman aucune difficulté. Mon Dieu ! je fis peut-être mal, puisque maman n’a pas été contente. Mais au moins je croyais bien faire, mon intention était pure. Ah ! si je pouvais voler là-bas dans cette mansarde chérie, m’asseoir au coin du feu, à côté de la petite