Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/314

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en avait été la cause bien involontaire. Vous me pardonnez, dites-vous, pauvre chère maman hélas j’ai donc commis une faute une faute envers ma mère, oh j’en serai toute ma vie inconsolable. Mon Dieu que ne puis-je vous faire comprendre la circonstance difficile où je me suis trouvé, Monsieur Dupanloup, Monsieur Le Hir m’entraînant d’un côté, la crainte de déplaire à ma pauvre mère me retenant de l’autre. Ah si j’avais su que cela dût lui coûter des larmes, mon Dieu je leur aurais dit non de bon cœur. J’en étais tout en colère contre ceux qui m’y avaient entraîné, Monsieur Dupanloup surtout qui me poussait l’épée dans les reins. Je ne puis vous dire tous les moyens qu’il a employés pour me retirer de Stanislas, jusqu’à me proposer d’aller passer huit jours à la campagne avec Monsieur de Ravignan, pour colorer ma sortie aux yeux de ces Messieurs. Mais cela n’a pas été nécessaire. Et puis, chère mère, savez-vous que le projet était tentant ? Plus j’avance, plus je vois que l’affaire de notre grammaire hébraïque est inappréciable. Elle sera finie bien plus tôt que je ne le pensais et je suis parfaitement satisfait de