Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/341

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pardonnerais jamais, si la légèreté ou l’inconstance en avaient été la cause. Non, non, chère mère, jugez mieux votre Ernest ; eh quoi ! ne le connaissez-vous pas ? Son cœur fut-il jamais un problème pour vous ? Que Dieu soit interprète entre nous deux, et vous fasse comprendre tout ce qu’il y a au fond de mon cœur de doux, d’aimant et de pur. Ne craignez rien, chère mère, je serai toujours tel ; tout ce qui n’est pas aimable et bon me fait horreur, je serai toujours cet Ernest, qui a fait son éducation morale doucement et paisiblement sur les genoux de sa mère, et avec ses livres, là-bas, dans cette chère mansarde, où ma pensée vole sans cesse. Maman, chère maman, je ne serai heureux que quand je saurai que votre cœur n’a pas douté un instant du mien. Courage aussi, chère mère, il viendra bientôt le jour heureux que nous attendons depuis si longtemps, il est peut-être bien proche, courage, courage !

J’ai reçu il y a deux ou trois jours, chère mère, une lettre de notre chère amie de Rome. Sa santé est parfaite, l’air d’Italie, me dit-elle, serait capable de ressusciter les morts, jugez