Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/94

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pas honneur au gouvernement actuel[1]. « Les cendres mêmes du prélat, dit-il, me défendent de rappeler ici des injures qu’il a pardonnées. »

Au reste, ma bonne mère, comme je pense que cela vous fera plaisir, je tâcherai de vous envoyer un exemplaire de l’oraison funèbre, qui aussitôt a été imprimée, et peut-être aussi de sa vie, que l’on vient d’écrire. Mais pour cela il faudrait une occasion. Cependant il faut avouer que ce discours perdra beaucoup à être lu, tant la manière dont l’orateur l’a déclamé y ajoutait de prix et de beauté. Encore M. de Ravignan n’était-il pas là dans son fort, car c’est surtout quand il faut raisonner qu’il est d’une éloquence écrasante. J’espère avoir le plaisir d’aller pendant le carême l’entendre à la cathédrale, où il prêche tous les dimanches, grâce à mon privilège académique.

Grâce à ce même privilège, j’ai eu au commencement de ce mois un plaisir bien sensible. Il faut d’abord vous dire que nous avons eu une magnifique séance, comme nous n’en

  1. Une émeute qui saccagea l’Archevêché en 1831.