Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/104

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ne peuvent satisfaire au besoin que je m’étais fait de m’entretenir seul à seul avec toi. Je voudrais des volumes, et à peine ai-je quelques mots. Si nos cœurs étaient faits autrement, nous devrions presque être étrangers l’un à l’autre ; mais, ma très chère Henriette, entre nous, c’est un malheur que nous n’aurons jamais à craindre.

Tu sais probablement que, cette année, je ne vais pas passer mes vacances en Bretagne. La privation de voir ma bonne mère et des amis auxquels je suis sincèrement attaché a bien pu me coûter quelques regrets ; mais ils ont dû céder aux avantages réels de transporter le voyage à l’an prochain. Car, puisque nos finances ne nous permettent pas de l’exécuter chaque année, j’aime beaucoup mieux y renoncer en faveur de l’an prochain. Alors j’aurai achevé ma philosophie et mon séjour à Issy, et, étant sur le point d’entrer au séminaire de Paris, le voyage de Bretagne formera une fort agréable transition. De plus, cette année a passé si vite qu’il me semble encore être à mon retour de Bretagne : jamais mes impressions n’avaient été si fraî-