Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/162

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c’est une vraie philosophie, nécessitant des analyses de l’homme, de la société, des discussions de critique, des recherches toutes expérimentales, en un mot. Elle est liée aux plus hautes questions qui ont préoccupé l’esprit humain, et me semble indispensable à tout homme qui veut réfléchir.

Il n’en est pas de même de la seconde. Sans doute, rien de plus profond que les dogmes qui en font la matière, mais c’est précisément là la source du mal. L’esprit humain a voulu pénétrer ces abîmes et s’y est perdu. En voulant catégoriser et soumettre à la forme de son entendement ce qui est d’un autre ordre de choses, il n’a enfanté que d’inconcevables subtilités, d’inintelligibles explications. Telle est cette seconde partie de la théologie, toute empreinte de la scolastique du moyen âge, moulée encore, pour ainsi dire, sur les formules abstraites et creuses de l’école. Heureusement que cette forme ne fait rien au fond des choses ; il y a eu une théologie dogmatique sans scolastique, rien n’empêche qu’elle s’en rende de nouveau indépendante. Rien n’en prouve mieux la possibilité que la