Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien n’obtiendra mes regrets à Varsovie ; j’y mène une vie aussi retirée qu’à la campagne, et, depuis que je suis en Pologne, je suis devenue de la plus complète indifférence pour tous les séjours ; il n’en est pas un où je retrouve un cœur ami… En conséquence de ce départ, je te prie, mon Ernest, de m’adresser désormais mes lettres comme il suit : mademoiselle R…, au château de Clemensow, près Zamosc, Pologne. Je te demande aussi de vouloir bien faire la même recommandation à maman et à Alain, car je crains beaucoup pour les lettres qui viendraient me chercher après mon départ ; [rien] n’est plus irrégulier que le service des postes dans ce pays.

Notre frère m’avait déjà dit, en quelques mots, que tu t’étais décidé, cher Ernest, à prononcer ce premier engagement dont tu me parles aussi dans ta lettre. Je n’ai pas à y revenir, mon pauvre ami, pas plus qu’à te conseiller dans ceux qui t’attendent : mon premier devoir, mon premier désir est de laisser en liberté pleine toutes tes décisions. Pourquoi faut-il seulement que tu doives les