Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/189

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vérité, que nul n’y saurait porter atteinte et que si le ciel nous réunit un jour, je trouverai encore en toi le frère que j’ai tant aimé et que je ne cesserai jamais de [chérir].

Rends-moi un service d’érudition, mon bon ami. Aie la bonté de m’inscrire les principaux historiens grecs et latins, en notant l’époque de l’histoire que chacun d’eux a embrassée, et envoie-moi ce travail le plus tôt qu’il te sera possible sans te déranger ni te fatiguer. J’ai lu (en traduction bien entendu) les œuvres de plusieurs d’entre eux, mais je crains encore d’avoir fait quelque omission importante, et j’ai recours à toi pour y remédier. Ne t’étonne pas de cette demande, cher Ernest ; seule, j’ai eu à remplir bien des lacunes de mes premières études, et seule aussi j’ai dû mi mettre à la hauteur d’une tâche immense. Après avoir fait beaucoup de recherches historiques, j’en suis revenue aux sources premières, aux purs classiques, comme un écolier de septième. Rien, mon cher ami, ne peut me rebuter pour le bien des jeunes esprits que je cultive, pour l’accomplissement de la mission qui m’a été confiée. D’ailleurs, dans