Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/244

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certain qu’avant toute chose il leur en eût parlé. J’ai donc tourné ailleurs ma pensée, et la réponse que j’ai reçue me fait part des démarches empressées que l’on a faites et dont il n’y a maintenant qu’à attendre le résultat. Sois parfaitement tranquille ; tu n’y es pour rien ; tout a été fait en mon nom personnel, et, quoi qu’on ait agi, tu ne te trouves nullement engagé. Tout cela marche, cher Ernest, comme doit marcher une telle affaire, avec la plus grande circonspection, la plus grande prudence. Maintenant, mon ami, revenons à ta lettre, et voyons si, d’après ce que tu me dis, l’idée d’un préceptorat est la meilleure à suivre. Comment, mon bon Ernest, pourrais-je te blâmer du doute qui agite ta pensée ? Ne sais-je pas par expérience que nous ne sommes point les maîtres de repousser ce que notre conscience nous suggère, ce que l’amour de la vérité nous inspire ? Il y a bien plus : dès que cette voix de la vérité se fait entendre, il ne dépend plus de nous d’y fermer l’oreille, elle nous oblige de suivre en tout ses inspirations. Crois donc, mon pauvre ami, que nul plus que moi ne