Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/246

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cation, du moins pour le moment ; il te procurerait en outre, ce dont nous avons souvent parlé, la possibilité de connaître, d’étudier le monde sur une scène plus étendue, de perfectionner tes études par la comparaison. Mais si, comme je suis portée à le croire, cher Ernest, tu marches vers une voie différente de celle où l’on avait voulu t’engager, je crains que ce même emploi ne t’éloigne de toute autre route, et à lui seul il n’offre qu’une perspective bornée. Tu me parles de tes études de langues orientales, de la connaissance de M. Quatremère, de la possibilité qu’il y aurait peut-être de te créer des moyens d’avancement de ce côté : ne craindrais-tu pas, en t’éloignant, mon bon Ernest, de rompre tes rapports avec le savant professeur dont tu me parles, de rendre ensuite impossible toute reprise d’une telle connaissance ? Je t’avoue que je le redoute, et c’est là certainement le premier motif qui m’empêche de désirer ardemment la réussite des démarches que j’ai faites. Les études libres que je te proposais, et sur lesquelles je reviens encore, laissaient subsister ces rapports et permettaient même