Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/254

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chaine à tenter une démarche de ce côté. Cette voie ne me mènerait peut-être pas vite ; mais je suis sûr d’y réussir, et le petit nombre des concurrents m’y dispenserait de cette rivalité ardente et intéressée, qui dévore tout dans les autres carrières, et qui déplaît à l’esprit moral et philosophique. Content d’être ce qu’il est, il n’aime pas à se mesurer avec cette tourbe d’adversaires.

Un second parti, sur lequel j’insiste davantage, m’a été conseillé par l’un de mes professeurs, celui qui certainement témoigne l’esprit le plus juste et le plus impartial. Il m’a nettement déclaré que ma place était à l’École normale. Un pareil conseil donné à Saint-Sulpice et dans les circonstances actuelles, prouve, ce me semble, un esprit assez libre. La difficulté la plus apparente contre ce parti, est évidemment celle de mon éducation tout ecclésiastique. Mais je doute bien qu’elle fût infranchissable. Je pense d’abord que Messieurs de l’université ne feraient pas difficulté de passer sur ce point, supposé qu’on leur manifestât l’intention de s’agréger à leur corps ; j’ai de nombreux exemples qui m’au-