Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/263

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mon projet, tu me conseilleras de prendre mes grades, cette phrase sera pour moi synonyme de faire des démarches de ce côté. La chose ainsi présentée ne pourra alarmer maman. — Mon Dieu ! qu’il m’en coûte de dissimuler ainsi quelque chose avec celle pour qui je n’eus jamais rien de caché ! Que ces détours pèsent à la sincérité de mon cœur ! Mais n’est-ce pas un devoir pour moi de ne rien négliger pour adoucir à cette bonne mère un coup si rude, que le plus strict devoir m’oblige à lui porter ? Ne dois-je pas au moins taire tout ce qui se peut taire ? Oh ! que je me soumettrais volontiers à la position la plus pénible, supposé que je susse lui épargner quelques instants de peine !

Tel est, ma bonne Henriette, le plan de conduite auquel je me suis arrêté après de bien sérieuses réflexions. Agis de ton côté comme tu l’as déjà commencé. Si tu trouves une place réellement avantageuse, qui me laisse le temps et m’offre la facilité de continuer mes études et [le cours] de mon perfectionnement intellectuel, accepte sans hésiter : sois bien persuadée que tout ce que tu feras sera