Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/272

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trouves, — ou plutôt où nous nous trouvons, car ce qui te concerne ne saurait manquer de nous être personnel, — cette situation demande que nous y réfléchissions avec le plus grand calme, que nous appliquions à y trouver remède, tous les efforts de notre raison et de notre conscience : n’oublions pas que ces deux voix sont en nous celle de Dieu. D’avance je conjure notre bonne mère de peser mûrement avec toi les réflexions que je vais te soumettre, et de me pardonner si je parle devant elle de conseils et d’expérience. Si je le fais, c’est d’abord parce que ton bonheur et son repos sont ici-bas ma première pensée, et ensuite parce que les agitations de ma vie ont doublé pour moi ce que les années font acquérir, la connaissance des événements des choses et surtout du cœur humain : oh ! puisse le résultat de telles observations, de telles épreuves, être utile à ceux pour lesquels je serais si heureuse de tout sacrifier !...

De tout temps, mon bon Ernest, je n’ai cessé d’appeler ta pensée sur le danger qui t’attendait au terme de tes études, celui d’un engagement aveugle et précipité ; ton âme droite