Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/313

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le faire plus à l’aise ; mais je n’ai pu. Pourrai-je en dérober l’insertion ? Il faut que je descende à Saint-Sulpice. Là, je ferai comme je t’avais dit dans ma dernière lettre de Paris. Les difficultés se hérissent devant moi bien plus terribles que je ne pensais ; j’entends du côté de maman. Une sécularisation brusque est inabordable. J’ai un procédé qui achèvera de faire passer le projet des études libres : ce sera une lettre que je lui ferai écrire par mon directeur, en qui je lui ai fait prendre beaucoup de confiance. J’avais déjà employé ce procédé à Issy dans une circonstance difficile.

J’attends beaucoup de tes détails de Saint-Malo. Prends les informations dont tu parlais dans ta dernière pour un hôtel ou pension, elles me seront utiles. — Mon Dieu, dans quel filet tu m’as conduit ! Je n’y vois d’issue qu’en perçant le cœur de ma mère. Je cherche à l’égayer ; j’ai été bien obligé d’adoucir les couleurs pour ne pas la désoler ! Et intérieurement que de luttes ! Crois-tu que je n’a pas souvent été près de faire volte-face ? Je ne puis en dire plus ; elle est là à deux pas ; Dieu sait si je l’aime et la respecte du fond de